L'heure de la reconnaissance
Nous autres, artistes contemporains, ne rechignons que rarement devant la reconnaissance de nos pairs et des professionnels de la profession. Mais s'il est bien quelque chose qui fait encore plus plaisir que tout ça, c'est bien la reconnaissance populaire. Tiens, un exemple. L'autre jour je me promenais dans la rue, et je croise un homme et son fils. Le père me regarde et me montre du doigt à son fils en lui disant "Tiens, regarde Kevin Junior, c'est l'autre connard du bouchon merdique". Je fus réellement estomaqué et la rage s'est emparée de moi : comment peut on décemment appeler son fils Junior, quand on a soi même été victime du prénom Kevin ? C'est salaud.
Bref, tout ça pour pas du tout parler de ça en fait. La reconnaissance populaire et officielle m'est venue récemment, par la poste, d'où une absence un peu prolongée des blogs ces derniers temps. Et je vous prie de bien vouloir m'en excuser car je connais votre magnanimité légendaire. Il y a deux semaines je recevais cette lettre dans ma boîte aux lettres. Tenez, la voici.
Ha, vous auriez préféré peut-être que je vous montre la lettre ? OK, ce sera plus facile que vous voyiez de quoi je vous cause.
Pour ceux qui ne parlent pas couramment l'anglais, je traduis.
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Bonjour,
Hanlala, nous avons visiter votre magnifique, extraordinaire, super et splendide blog sensas (si si, n'êtez pas timide) et nous sommes sous le charme de vos si éblouisssantes et mirifiques créations. C'est d'ailleurs tellement "niçois" (ou sympa?, je sais pas) que le maire de New-York veut que vous faisez un gros monument pour la ville. Il sera installé à l'angle de la quatrième avenue et du boulevard Barbès.
Ce sera sympa que vous faisez un devis à nous et, quand nous serons "aigris" (ou d'accord ?, je me rappelle jamais), paf, vous pouvez commencer le projet.
Voyez vous,
Billy-Boy Wayne Junior
Syndicat d'initiatives
125, avenue Jean Jaurès
12005 NEW-YORK cedex 24
USA
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Incroyable, hein, j'étais fier comme un camion de pompier quand j'ai reçu ça.
Voici ma réponse, accompagnée d'une photo du pré-projet.
Dear Mister Junior,
Thank you very much for having pensing to me. It's so niçois to you. It falls good because I have a lot of time and I need a lot of euros to pay me the XBox-360 of my dreams. I send you a photo of the maquette of the project and the devis.
I can come to meet you by the next TER, which arrives at the gare of New York vers 12h45. It will be sympa to discute of that around a hamburger.
Kisses,
Jérôme alias Magical Bouchon
Ce serait sympa que ça marche vu que sinon je pourrais jamais me payer la XBox 360 et je ne pourrai jamais jouer au nouveau Tony Hawk ni au Légo Batman prévu prochainement.
Et voilà la photo du projet. C'est qu'un premier jet, hein, faut voir ça en super grand, avec des voitures en dessous, des gens qui mangent devant et des chiens qui font caca dessus.
J'attends toujours leur agrément avant de commencer l'oeuvre en grand. Mais j'ai comme une petite certitude que la Statue de la Liberté ne sera bientôt plus seule à symboliser le Gros Macintosh (le Big Apple, comme on dit dans les States). Je cross les fingers !
La signification de tout ceci (edit de 15h)
Quelqu’un me demande la valeur significative de l’œuvre, ou du moins la démarche discursive de ce projet si elle puit s’exprimer ainsi. Et bien soit, je suis pas chien et je vais vous discurver ma démarche.
Le gros monument est composé essentiellement de trois bouchons : un pour chaque mot qui compose New York City.
- Un bouchon à moitié découpé pour faire croire qu’il vogue à la surface de l’eau car n’oublions pas que c’est grâce à Christophe Colomb et à ses bateaux entre autres si aujourd’hui nous pouvons manger des Chicken macnuggetts sauce barbecue (je simplifie, hein).
- Un bouchon surplombé d’un demi bouchon à droite pour rappeler les chapeaux de cow-boys que les cow-boys portaient dans les films de cow-boys (essence même de l'Amérique)
- Et enfin un bouchon en l’air, pour dire aux gens «Regardez vers le ciel comme ils sont grands les gratte-ciels de New-York» (je sais ça fait deux fois «ciel» dans la même phrase, mais il faut l’imaginer en américain, c’est pour ça).
Le fil de fer c’est pour symboliser que sans lui, les bouchons ils tomberaient par terre (surtout celui du haut).
Le panneau «New-York City» c’est pour le cas où y aurait des cons qui se seraient perdus et qui sauraient pas où qu’ils seraient.
Et le panneau avec le cœur c’est parce que c’est joli.
Je pense qu'au niveau de la discursion, ma démarche est quand même potable non ?