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Le bouchon magique
7 mars 2007

Gustave sale

On a les légendes urbaines qu'on peut. L'histoire qui s'est jadis passée à Donflicourt-sur-Cours fait encore trembler la population locale ainsi que tous les vendeurs de prêt à porter dans un rayon de 3,5 km (jusqu'à Saint-Quai-du-Quai, pour ceux qui connaissent).

En octobre 2002, Jean-Luc H. (23 ans, agriculteur), Michel S. (36 ans, charcutier-coiffeur-garagiste), Jean F. (43 ans, journaliste) et Bruno L. (19 ans, boulanger-chippendale) furent retrouvés morts  étranglés  dans leur chambre. Les victimes avaient plusieurs points communs : tous étaient des hommes, célibataires et ils ont été retrouvés torse-nu (à part Michel S. qui portait un marcel car c'est vrai qu'il faisait frais ce jour là) et encore vêtus de leur pantalon (à part Michel S. qui n'en portait que très rarement). Aucune effraction n'avait été commise. Sur leur corps, quelques marques rouges, des traces de plis autour des bras et du cou. Sur le lit, le pyjama bien plié attendait sagement sans savoir que plus jamais il ne serait porté.


photos

(illustration de Yoghill)

Le mystère restait entier jusqu'à ce qu'il frappe au domicile conjugal de Philippe L. et d'Esméralda L. Le couple s'apprêtait à se changer pour se mettre au lit : pyjama en pilou bien chaud pour Philippe et nuisette transparente pour Esméralda. Philippe déboutonna sa chemise puis la jeta en boule nonchalamment dans un coin de la pièce. Mais soudain, dès qu'il eut le dos tourné, la chemise se dressa sur ses manches et sauta sauvagement au cou de Philippe. Putain de bordel de merde : la chemise était vivante et apparemment très agressive ! Malgré les interventions d'Esméralda (et sa nuisette transparente), Philippe succomba aux plis mortels et au froissement fatal de la chemise. Après cet acte d'une cruelle cruauté, la chemise  s'enfuit en se glissant sous la porte de la maison.

Bon sang, mais c'est bien sûr! Tout s'explique comme de l'eau de Rochas : la chemise était vivante ! Elle  s'introduisait dans les penderies de ses futures victimes sans que celles-ci ne se doutent de rien. Non qu’ils fussent cons, mais quoi de plus normal qu'une chemise blanche dans la garde-robe d’un homme. A l'inverse du lierre dont la devise est "Je meurs ou je m'attache", celle de la chemise était "Je m'attache ou il meurt"... En effet, la chemise débordait d'amour et de passion mais ne supportait pas d'être rejetée, abandonnée, froissée, roulée en boule ou jetée dans le panier à linges. Ca réveillait en elle une bestialité -une vestiarité- assassine.

Jusqu'alors, la chemise avait eu la malchance de tomber sur des gens propres qui changeaient de vêtement tous les jours. Mais en s'enfuyant cette nuit là, la chemise tomba nez à manche sur Gustave K. Gustave avait 56 ans et exerçait la profession fort controversée de poivrot à durée indéterminée. Ce soir là, Gustave eut le regard attiré par un bout de tissu blanc qui marchait au milieu de la rue. Il s'approcha de la chemise, s'en saisit et l'enfila car on n'a jamais trop chaud quand on vit dans la rue.

gustave

(illustration de Yoghill)

Au jour d'aujourd'hui, Gustave insulte toujours les passants depuis son carton près de l'église. Les meurtres ont cessé depuis qu'il porte sa sempiternelle chemise blanche (du moins c'était la couleur de la chemise à l'origine). Il ne l'a pas encore enlevée depuis 5 ans. La chemise, quant à elle, a repris confiance en l'humanité et apprécie l'attachement et l'affection que lui porte son nouvel ami qui sent très mauvais.

LA FIN


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et un grand grand merci à mon ami Yoghill qui a illustré avec brio, talent et deux dessins, cette petite histoire. C'est très agréable et super sympa de collaborer et de faire participer des invités à mon petit blog.  On le dira jamais assez.

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Commentaires
D
Voilà pourquoi, comme Rika ZaraÏ<br /> ( Puisque l'on vient au monde tout nu<br /> Tout le reste c'est du superflu<br /> Les chemise, les pantalons<br /> Sont là des signes extérieurs<br /> De richesse pour le percepteur<br /> Sans chemise, sans pantalon)...oui Môssieu, j'ai de la culture...<br /> Je disais donc, voilà pourquoi je porte des t-shirts...
J
vivi> Merci tout plein pour tes gentils commentaires et clins d'oeil à Donjon (bon, t'en es où dans la série au fait ?..)
V
Hann, mais j'y comprends rien à ton truuuuuc, mais où est Hyacinthe, la Chemise de la Nuit ? Et Gustave Parking, le cracheur de Poulain grand arôme ?<br /> <br /> Au demeurant, chouette histoire et chouettes illus. Chapeaux de roue les artistes !
J
kleger> tu as bien fait de te lacher même si c'est pas encore tout à fait le printemps. Qu'est ce que va être quand ce sera vraiment le printemps ?.. ;-)
K
Et pis zut, c'est le printemps
Le bouchon magique
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