Cou de Sirocco : histoire rose layette
Sirocco : quel joli nom pour une plume...
Siroco était le dernier né d'un plumage nombreux, soyeux, souple et lisse. Il vivait avec ses parents, frères et soeurs ainsi que les autres membres de sa famille plume sur le dos de Sankukaï le flamand rose.
Sirocco faisait partie de la nouvelle génération, celle qui donne son plus beau rose à l'oiseau et qui fait dire aux jeunes humains : "Oh, regarde papa, un flamand rose ! Tu m'en achètes un, steuplé, ? Vazy, fais pas ta pute, 'culé !" Allez savoir pourquoi les enfants sont plus fascinés par la vision de cet oiseau là que par celle d'un pigeon ou d'un moineau. La couleur peut-être ? Si les pigeons étaient roses, les trouverait-on plus attirants ?.. Dirait on "Ho, regarde papa, un pigeon rose ! Tu m'en achètes un ?" Hummmm, je suis pas convaincu.
Et c'est bien évidemment des conneries de penser que les flamands sont roses parce qu'ils ingurgitent des petites crevettes roses. Moi qui me nourris essentiellement de Pringles, je n'ai pas le teint orange Paprika ou rouge Smoked bacon.
Bref. Rose, fringant, jeune, souple et soyeux, Sirocco avait toutes les qualités recherchées chez une plume. Toutes les plumes femelles se disputaient ses faveurs. Mais sans succès car Sirocco était complètement amoureux de sa cousine Villefranche qui vivait à l'autre bout du plumage. Autant ça se fait plus trop chez les humains civilisés de fricoter avec la famille, autant c'est pratique courante chez les plumes. Sa cousine se pâmait d'amour pour son cousin qui lui était inaccessible, à part du regard. De loin, par grand vent ou quand l'oiseau hérissait ses plumes, Villefranche arrivait à apercevoir Sirocco dont le cou, majestueux long et sinueux, frémissait superbement sur le dos de l'oiseau.
Les années passaient mais la flamme ne vacillait pas. Petit à petit, la vieillesse aidant, Sankukaï se dépluma. Quand il volait, il perdait de plus en plus de plumes. Les plus vénérables (=vieilles) d'entre elles s'en allèrent en premier, laissant champ libre à Sirocco pour se rapprocher de sa bien aimée. Sirocco gagnait du terrain, il s'implantait de plus en plus près de son aimée jusqu'à la rejoindre finalement et co-plumer avec elle.
Quand l'heure de la retraite sonna, Sankukaï s'installa au Marineland où il pose encore aujourd'hui pour les touristes en short et en bob. Sur les gros appareils photo à plusieurs dizaines de millions de pixels, si on agrandit bien, on peut voir deux plumes entrelacées d'un rose encore plus éclatant que les autres.