Télécom 1900
Vous qui lisez ces quelques lignes et possédez donc une connexion Internet, n'avez vous pas l'impression que tout a été inventé ces dernières années en matière de télécommunication ? Téléphone portable, ordinateur, internet... Que nenni, mes amis ! Et derechef, je me porte en faux face à cette croyance erronée.
En effet, déjà à l'aube du XXe siècle, les moyens de communication -même s'ils en étaient à leur balbutiement- étaient déjà accessibles à quelques uns. Laissez moi vous retracer, à grands renforts de visuels, le portrait d'une Belle Epoque pour les télécommunications.
Le téléphone existait bien avant 1900, je ne vous apprends rien. Mais ces appareils, à l'origine, très lourds et encombrants, se miniaturisèrent très vite. Dès lors qu'ils devinrent portables (ou portatifs comme l'on disait à l'époque), on ne se privait plus pour communiquer hors de chez soi et en toute circonstance.
Ci-dessus : l'envoi du premier SMS à l'arc. Le message tenait en peu de lignes : "kikoo on sretrouv O pié 2 la tour FL @ 5h, G D preuv iréfutabl sur l'inosanse du K-pitène dreyfus. biz :-)"
Diantre, je crois bien que ce sms n'est jamais parvenu à son destinataire...
A ce propos, qui dit nouveaux moyens de communication, dit nouveaux langages de "komunikassion". Par exemple, on utilise ces vocables tous les jours sans savoir qu'ils en sont les dignes inventeurs. De gauche à droite :
- le pionnier injustement oublié : l'écrivain analphabète Adalbert Mauricet (1858-1946), créateur du langage sms (k1 vibran omaj l8 swa rendu)
- le peintre portraitiste Lucien Mauljean (1860-1901), dit Le Canotier, instigateur des "petits sourires" :-) et ;-)
- l'anarchiste repenti Philippe Faure (1864-?), inventeur de "mdr". (D'aucuns prétendent à son sujet qu'il vit encore mais moi j'y crois pas trop, NDA)
Moustaches et mains dans les poches sont-elles un signe extérieur de créativité et de génie?
L'invention de ces nouveaux moyens de communication eut pour effet de faciliter les relations à distance -géographiquement et temporellement. C'est ainsi que, sur le site "Confrères de jadis", Emile Mougin avait déjà retrouvé la trace de 35 anciens camarades d'école. "Mais ça manque quand-même sacrément de gonzesses !!" peut-on lire dans son profil.
Saint-Privat-la-Montagne, la classe de 6e B du père Bédu, année scolaire 1865-1868.
C'est vrai qu'y a plutôt de la moustache là! Ca donne moyen envie de les poquer ou de les wizzer.
La folie des photos de chatons trop-meugnons envahissait déjà les moteurs de recherches et les pages perso. Sur la page du "livre de visage" du peintre autrichien Gustav Klimt (1862-1918), nombreuses étaient les photos de l'artiste accompagné de son chat Kiku (prononcez Kikoo)
Force est de constater qu'effectivement il est trop choupi.
Hélas, les dérives apparurent simultanément. En 1905, Emile-Victor Goitreux (1870-1924) inventa le SPAM (=Slogan Publicitaire et Annonce Malhonnête). Il fit rapidement fortune en proposant des remèdes miracles contre la calvitie, l'obésité et la rubéole. Décoré par Aristide Briant pour son oeuvre -considéré alors comme de salut public- Goitreux eut l'idée d'exploiter certaines colonies françaises centre-africaines pour diffuser largement des messages vers la métropole. Ceux-ci laissaient entrevoir la fortune à quiconque répondrait favorablement aux sollicitations d'une princesse déchue de son rang et de sa fortune, bien incapable de récupérer son héritage royal sans l'aide d'un étranger lointain et inconnu. La récompense alléchante, consistant en un pourcentage non négligeable sur l'héritage colossal, tourna la tête de bon nombre de nos concitoyens et provoqua le grand "cafard" des télécommunications à Châlons-en-Champagne le 28 mai 1907.
Les débuts du SPAM en 1906. Qui aurait pu prédire que, 100 ans plus tard, ces slogans primaires seraient encore d'actualité?
Le SPAM était nuisible, certes, mais surtout la lubricité régnait en maître, souillant de ses pieds sales et fourchus le tapis du salon de l'Internet. Ainsi, en tapant la requête innocente "Adolphe Thiers vulve charnue" dans un moteur de recherche, on aboutissait irrémédiablement à ce genre de pop-up suintant le vice, tel le saindoux frais sur un toast bien chaud.
La flagellation était de rigueur (ainsi qu'une visite à la maison close la plus proche) pour conjurer l'apparition de ces fenêtres bondissantes et obscènes.
Heureusement que, très rapidement, le ministre Georges Clémenceau (1841-1929) mit sur pied une brigade d'élites chargée de faire respecter l'ordre et de garantir la sécurité des bons citoyens sur le net. Ci-dessous, à gauche, le brigadier sapeur Gaëtan Rouchard (et son arrosoir) responsable du Firewall des cantons sud et ouest de Melun. A droite, le lieutenant-colonel Martin-Emmanuel de Croveziers, de la 2e division de Caen, affecté à la vérification des pièces jointes des mails à destination de Normandie et de Bretagne.
Aucun risque d'être affecté par des "Sarah Bernhardt en jupons" ou par des "élixir de jouvence best supply 50% moins onéreux" avec ces deux là. La France pouvait "glisser" tranquille.
Terminons cette plongée dans l'histoire des télécommunications par une note positive. Il y avait tout de même des belles choses qui se passaient par le biais d'Internet. Ici, un extrait de tchat (chez Maxim's, vers 1912)
Dans une prochaine note, nous aborderons le sujet épineux du speed-dating sous le règne de Louis XIV et le phénomène du flashmob en 1789.